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Prise de recul, prise de position - Picture

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Prise de recul, prise de position

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Chez Picture, le confinement a aussi du bon. Il nous permet de prendre du recul et de réfléchir au futur que nous aimerions voir ou ne pas voir prospérer quand on sera sorti de la crise.
Sans prétention, voici notre vision des choses.

Temps de lecture : 13 minutes.

L’ampleur de l’épidémie que nous traversons actuellement laissera clairement un avant et un après. Cet après, il est incertain à bien des égards, donc autant essayer de le façonner du mieux possible à notre image dès maintenant.

En 2008, pendant la crise financière, le gouvernement Obama avait utilisé une citation pour souligner l’importance de ne pas considérer la crise en question comme étant simplement de passage : « never allow a crisis to go to waste ».

L’objectif, c’était donc bien d’en tirer toutes les conséquences.

En 2020, cette citation est plus vraie que jamais. L’écriture de « l’après » est toujours autant d’actualité pour préparer l’avenir et bâtir un futur plus résilient :

  • Nous ne voulons plus de crises sanitaires et économiques.
  • Nous ne voulons surtout pas de crise climatique.

Or, ce second point est bien celui qui nous pend au nez ! Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) l’annonce depuis plusieurs années : si le virage écologique n’est pas radical, l’impact du réchauffement climatique à moyen-long terme sera dévastateur.

Selon les experts et scientifiques, voici une liste non-exhaustive de ce que le monde, selon les régions, pourrait connaître :

  • Canicules extrêmes, sécheresses et risques toujours plus grands d’incendies.
  • Pénurie d’eau
  • Hausse des phénomènes météo de très grande ampleur (cyclones, etc.)
  • Fonte des glaces en Arctique, hausse du niveau de la mer, inondations et zones devenant inhabitables pour des millions de personnes
  • Dégradation de la qualité de l’air que nous respirons
  • Perte massive de biodiversité

Le tout entrainant forcément des grands déplacements de populations et de nombreuses complications sociales, sanitaires et géopolitiques. Le rapport du GIEC est ici.

Alors, pourquoi faisons-nous (individus, entreprises, gouvernements) globalement tous preuve d’une certaine inertie à ce sujet ? Probablement à cause d’une incapacité à anticiper, à se projeter et à considérer que le problème est commun.
Pourtant, certains phénomènes comme les canicules s’intensifient déjà et nous les ressentons. Les saisons de ski deviennent de plus en plus courtes. Peut-être ne sont-ils pas encore assez palpables, assez dangereux pour notre santé, assez proches dans le temps ? Il est vrai que selon les pays et régions, le réchauffement climatique ne nous touche pas encore tous de la même manière. Pourtant, nos émissions locales ont des impacts ici et là-bas. Idem avec nos choix de consommation.
C’est peut-être ce qu’il faut se dire pour considérer la planète comme une entité unique à protéger et pour mieux se responsabiliser.
Si notre incapacité d’anticipation est notre plus grande limite, alors nous n’avons pas d’autre choix que de l’outrepasser !

Le coronavirus, lui, a une forme d’immédiateté et une temporalité complètement différente. Il nous affecte maintenant. Il est même en nous.
Les réponses de tous les gouvernements sont alors radicales pour résoudre le problème. Cela rappelle à quel point leur rôle est central et que leurs choix peuvent avoir des répercussions positives ou négatives de très grande ampleur.

Pour autant, sommes-nous totalement dépendants d’eux dans la lutte contre le « virus » climatique ?
Pas totalement, tout le monde est concerné et doit agir, mais ce qui est certain, c’est qu’ils sont les seuls à pouvoir apporter la radicalité et l’autorité nécessaire pour combattre le réchauffement climatique dans les très, très grandes largeurs. Dans ce cadre, il apparaît clairement que l’écologie devrait être la priorité de tout pouvoir politique, et que son enseignement devrait prendre une place majeure dans les programmes scolaires et universitaires.

La préservation de notre santé semble donc être le baromètre de notre capacité de réaction. Pourtant les activités humaines ont déjà un impact sanitaire.

La manière dont nous avons habité la planète jusqu’à présent n’est pas sans conséquence. L’épisode épidémique actuel montre à nouveau que cela peut se retourner contre nous.

En effet, de nombreuses publications scientifiques ont déjà fait état d’un lien évident entre les activités humaines, la manière dont nous agissons sur les écosystèmes et l’émergence de nouveaux virus.
La déforestation au profit de l’agriculture intensive ou de l’élevage est par exemple à l’origine de nombreux déplacements de populations animales potentiellement porteuses de virus.
Ces derniers ne sont normalement pas destinés à entrer en contact direct avec nous (ils vivent même parfois en symbiose avec leur environnement), mais les déplacements contraints de leurs hôtes bousculent parfois cette logique.
C’est le cas du coronavirus, mais aussi du virus Ebola, du SIDA et bien d’autres appelés zoonoses. La revue scientifique Nature est très complète à ce sujet et conclue ainsi :

« Finally, our analysis suggests that efforts to conserve areas rich in wildlife diversity by reducing anthropogenic activity may have added value in reducing the likelihood of future zoonotic disease emergence. »

La crise actuelle nous rappelle donc que certaines activités humaines, en plus d’avoir des impacts sur le climat, ont aussi des impacts sur notre santé – ce n’est pas vraiment nouveau. Il est connu de tous que la mortalité causée par la pollution de l’air(liée aux particules fines) est très importante dans certaines grandes villes ou régions, notamment en Asie. Une très récente étude disponible ici, parle même d’une diminution de notre espérance de vie de plusieurs années, selon les pays. Une nouvelle fois, la temporalité longue de ce phénomène mortel semble nous inhiber. Peut-être devrions-nous alors aussi parler de « pandémie de la pollution de l’air » pour prendre le sujet à bras le corps ?

La définition de « l’après »

Contre toute attente, la crise du coronavirus aura au moins permis une réduction temporaire et significative de nos émissions de gaz à effet de serre. Logique, tout est au point mort ou presque. En temps normal, les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) utilisées pour produire de l’électricité et fournir du carburant pilotent les émissions mondiales de CO2. Elles pilotent aussi le PIB mondial. Nos sociétés en sont plus ou moins très dépendantes. Du coup, quand nous les sollicitons moins, nos émissions chutent.

Économiquement, une telle situation ne sera bien sûr pas viable longtemps. Nous avons tous hâte d’en sortir. Mais de quelle manière ? Après la crise financière de 2008, les plans de relance de l’économie avaient été massifs, entrainant une hausse de 5% des émissions de CO2. Est-ce vraiment souhaitable ? Comment ne pas tomber dans la même frénésie d’avant crise ? Comment concilier relance économique et lutte pour le climat ? Plusieurs pistes sont explorées ici par Le Monde.

A l’échelle individuelle et à l’échelle de Picture, le problème est similaire. Notre activité va bien finir par reprendre, nous allons retourner au travail, la petite machine à faire des vestes recyclées se relancer, et les magasins ré-ouvrir.
Heureusement, nous sommes loin de partir de zéro ! Notre engagement environnemental et social remonte à notre création en 2008.
Depuis, nous avons toujours considéré l’évolution et la croissance de Picture comme étant au service d’un processus d’amélioration continue pour parfaire nos lacunes. Notre mission d’entreprise – la lutte contre le changement climatique – est même écrite dans nos statuts légaux. Notre volonté de sortir des énergies fossiles et d’embarquer tous nos partenaires dans cette aventure est un projet entamé et un objectif clair en interne. Enfin, le slogan phare de B Corp « Using business as a force for good », certification que nous avons obtenue en 2019, correspond bien à notre vision de l’entrepreneuriat.

Malgré tout, face à l’ampleur de la tâche, est-ce que notre engagement est suffisant ?
Non, mais nous sommes sur la bonne voie. Qu’est-ce qu’il nous manque alors ? Un cadre de travail peut être, des « guidelines » très claires pour agir individuellement et collectivement d’une manière encore plus efficace, rapide et pertinente qu’avant. En d’autres mots, réorienter notre engagement pour qu’il soit totalement aligné avec la réalité des actions fortes à mener dans la lutte contre le changement climatique.

Ce cadre et cette réalité ont déjà été définis par le GIEC et consistent à limiter le réchauffement climatique à 2 degrés par rapport aux niveaux préindustriels. C’est la limite à ne pas dépasser pour assurer un futur qui vaille la peine d’être vécu. Les experts du climat, ce sont eux, pas nous ! Suivons leur plan. Pilotons désormais l’entreprise de telle sorte qu’elle soit en phase avec cette limite (on vous expliquera rapidement plus bas la méthodologie visée).

Premièrement, que devons-nous faire à l’échelle mondiale ?

Pour atténuer les conséquences catastrophiques à venir que nous évoquions en début d’article, nous devons réduire nos émissions de 4% par an d’ici 2030, puis atteindre la neutralité carbone en 2050, soit zéro émission nette (équilibre entre les flux de CO2 entrant et sortant de l’atmosphère chaque année).
Autant être clair, c’est très mal parti. Ces 10 dernières années, les émissions ont augmenté de 1,5 % par an… En 2019, selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement, basé sur les engagements actuels des pays, nous allions tout droit vers un réchauffement de 3,2 degrés. Bon…

Quand bien même ! Comment réduire nos émissions, et comment le faire vite ?
Les recommandations du GIEC insistent sur 4 leviers majeurs, à tous activer en même temps, pour réduire drastiquement nos émissions tout en augmentant nos capacités à séquestrer du CO2 déjà présent dans l’atmosphère.

1/ Sortir de la dépendance aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) au profit des énergies renouvelables ou bas carbone : solaire, éolienne, géothermique, hydraulique, biomasse et nucléaire (nous ne rentrerons pas dans le débat du nucléaire). Le rôle des gouvernements est capital pour que cette décarbonation de nos sociétés soit massive.

2/ Modifier nos comportements, nos rythmes de vie, le rythme de vie des entreprises, nos habitudes de consommation et de déplacements. C’est à dire, faire preuve de sobriété. Le rôle des individus et des entreprises est ici capital.

3/ Augmenter la capacité des puits naturels de carbone à capter le CO2 présent dans l’atmosphère et à le séquestrer. Nous parlons ici des forêts, sols et zones humides.

4/ Développer des technologies de capture de CO2. Ce dernier point ne peut en aucun cas être perçu comme une solution miracle si les 3 premiers points ne sont pas menés à bien.

Voilà ce que ça donne en version schéma :

Le chantier est énorme mais la bonne nouvelle, c’est que tous ces points sont déjà bien d’actualité. Il y a eu des avancées notables presque partout dans le monde. Nous n’allons pas tout commenter, mais seulement partager quelques réflexions :

Transition énergétique et sobriété sont très liés. Notre engagement individuel aussi exemplaire soit-il peut parfois se retrouver limité par le système si le train que nous prenons utilise une électricité issue du charbon. Idem pour un automobiliste souhaitant recharger sa voiture électrique sur une aire d’autoroute : l’origine de l’électricité sera déterminante.

Un plan de reforestation massif pour capturer tout le CO2 que nous émettons serait-il une solution ? Sans réductions préalables, cela reviendrait à reboiser une région entière de France pour compenser seulement les émissions françaises. Peu crédible !

La notion de sobriété remet en question nos modes de vie et doit nous faire réaliser que nous avons tous un impact. Mais comment s’améliorer ? Quelles sont les actions pertinentes à adopter pour être plus « sobre » ?

Le cabinet d’expertise climat Carbone 4 a récemment partagé une étude pour éclaircir le sujet. Extrait de cette étude, le schéma ci-dessous classe les gestes les plus pertinents pour réduire notre impact individuel, sans aucun investissement financier.
Le calcul est intéressant car il est très factuel, purement basé sur des émissions de CO2 et pas sur des tendances ou des modes.


Source : Carbone 4

Quand il s’agit d’investissements financiers individuels, améliorer l’efficacité énergétique de nos habitations et acheter un véhicule bas-carbone sont les 2 autres actions les plus pertinentes. Et si vous n’avez pas besoin de voiture, c’est encore mieux !

Comment adapter les 4 recommandations du GIEC pour Picture ?

Le plan de route détaillé comprenant nos grands objectifs datés est en écriture et on vous le partagera bientôt. Comme on le disait, on ne part pas de zéro mais il y a quand même un virage à 90° à opérer.

Entre temps, pour finir, voici plusieurs actions, affirmations et questions sur notre engagement, en attendant quelque chose de plus complet :

Nos émissions :

  • Nous sommes en plein Bilan Carbone pour connaître nos émissions de CO2. Il s’agit de passer à la loupe 100% de nos activités, incluant celles de nos partenaires. Par exemple, on pourra bientôt affirmer que « la teinture des produits techniques Picture a émis X kg de CO2 et représente X % des émissions totales de l’entreprise »
  • La méthodologie Science Based Targets* nous permettra de piloter nos réductions pour être en phase avec l’objectif des 2 degrés. De nos émissions, notre taille d’entreprise et notre secteur d’activité découlera un objectif de réduction spécifique pour Picture.
  • Nous allons devoir commencer à compenser certaines de nos émissions résiduelles. C’est le troisième pilier du projet Analyser-Réduire-Compenser afin de contribuer à la neutralité carbone.

Notre transition énergétique :

  • Nous avons entamé la transition énergétique de toutes nos activités il y a environ 1 an, mais nous n’avons pas visé un périmètre d’action et d’influence assez large.
  • Comment modifier les habitudes de nos partenaires dans des pays où il n’y a qu’un seul fournisseur d’électricité (l’état) et que ce dernier tarde à opérer une transition ?
  • Aurons-nous la capacité financière pour les aider à auto-produire leur énergie verte ? (Installation de panneaux solaires sur leur toit par exemple)
  • Nous devons mieux embarquer l’industrie et les marques pour peser collectivement.
  • Bien que nos matières techniques soient recyclées ou bio-sourcées, elles sont toujours dérivées de près ou de loin du pétrole.
  • Nous devons faire preuve de plus de circularité dans la création de nos produits. Nous sommes en contact avec 3 fournisseurs possédant des technologies de recyclage de vêtements polyester usagés, afin d’en refaire des nouveaux. Nous avons bon espoir de créer une veste de ski/snow de cette manière sous 18 mois.
  • Notre nouveau siège social de Gerzat (63) est en construction. Il autoproduira une partie de nos besoins énergétiques et le reste viendra à 100% d’un fournisseur d’énergie renouvelable.

Notre sobriété :

  • Sur la base du volontariat, 20 de nos employés ont créé des éco-teams interne début 2020 pour améliorer la sobriété énergétique de nos bureaux, nos habitudes alimentaires, l’achat de fournitures, le tri et la réutilisation. Good job !
  • Nous nous déplaçons beaucoup pour développer la marque partout dans le monde et nous manquons d’un plan de mobilité solide et exigeant envers nous-même.
  • Nous travaillons depuis toujours avec des centres de réparation, et depuis 6 mois sur un projet de garantie réparabilité à vie. Ce projet verra le jour très prochainement en France, puis partout dans le monde dans un second temps.
  • Nous n’avons pas bien avancé sur les sujets de la seconde main, location et consigne. Il faut qu’on passe la seconde.
  • Nous avons toujours fait la promotion d’une consommation de produits responsables, recyclés, biologiques, mais très peu la promotion d’une consommation raisonnée.
  • Nous n’avons pas encore les capacités logistiques, humaines et financières pour localiser nos productions proches des lieux de consommations.

Nous vous l’expliquions ici.

Notre développement :

Picture a un potentiel de croissance dans tous les marchés. Est-ce que croissance et développement peuvent rimer avec sobriété ? Nous n’avons pas une réponse très tranchée à cette question. Nous reviendrons dessus plus longuement une autre fois, mais nous serions tentés de dire que dans notre cas, croitre reste légitime si cela sert à financer des projets de sobriété, de transition énergétique et de captage de CO2, le tout au sein et au-delà de notre propre business.

Notre rêve :

Arriverons nous un jour à créer une veste de ski qui aura capturé plus de CO2 qu’elle n’en a émis pendant sa fabrication ?

Notre mot de la fin :

On n’aura donc pas parlé une seule fois de snowboard dans cet article… Damn !

Ride for the Future.

*Note : lien vers méthodologie Science Based Targets

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